Il existe des référentiels officiels, académiques ou institutionnels, dont l’objectif est de déterminer où nous en sommes dans notre voyage vers la maîtrise d’une langue. En général, ces référentiels se basent sur notre niveau de compétence dans les 4 dimensions fondamentales que sont : l’écoute, l’expression orale, la lecture et l’expression écrite. Une des échelles les plus connues et les plus utilisées autour du monde aujourd’hui est le CECR, le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, avec ses 6 niveaux, de A1 à C2.

Mais ce référentiel a beau être plutôt bien fait, et il a beau être nécessaire dans certains contextes, notamment pour l’harmonisation des tests de certification en langue et l’accès à certaines fonctions, je ne le trouve pas nécessairement très parlant et pas très utile au quotidien pour piloter son apprentissage. Je lui préfère donc un référentiel 10 000 fois plus simple, pragmatique, concret, basé sur la situation dans laquelle on se trouve à chaque étape de l’aventure.

Pour vous présenter ce référentiel, je vais m’appuyer sur une image que j’aime beaucoup : celle du jeu de cartes !

Pour moi, apprendre une langue étrangère, c’est un peu comme un jeu de cartes.

Au départ, toutes les cartes sont sur la table, face contre table. Leur contenu est caché. Le sens de ce que l’on voit et de ce que l’on entend nous échappe complètement. On navigue en plein brouillard.

Puis petit à petit, lentement, avec difficulté, on va commencer à retourner les premières cartes, à repérer et à apprendre la signification de certains mots, des mots très simples, des mots concrets… On va commencer aussi à repérer des schémas, les quelques verbes de base, les expressions les plus courantes… On va aussi maladroitement se lancer dans la construction de nos toutes premières phrases… Doucement, très doucement, le brouillard dans lequel on était va commencer à se lever.

C’est la phase la plus difficile dans l’apprentissage des langues.

Au fur et à mesure que l’on avance dans la compréhension de la langue, on retourne les cartes, les unes après les autres. Cette progression, c’est une continuité, c’est un continuum. Il n’y a aucune façon absolue de la quantifier. C’est une croissance organique qui se fait sur tous les fronts en même temps, en réception et en émission, à l’oral et à l’écrit.

Malgré tout, le long du chemin, on franchit certaines étapes importantes.

Niveau 1 : le niveau de base

La première étape intervient quand on a retourné, mettons, 25% des cartes du jeu. A ce moment, on a atteint un niveau de base dans la langue cible. On est alors dans une situation où on maîtrise le vocabulaire le plus courant et certaines règles de grammaire. On est capable de communiquer un peu à l’oral et d’avoir des conversations très simples. A l’écrit, on peut comprendre des signes simples (je pense notamment aux langues asiatiques, qui possèdent un grand nombre de caractères), lire et écrire des textes très basiques.

Ce point du niveau basique, pour moi, c’est un peu le point de tous les dangers, car l’étude de la langue, même si elle est de plus en plus simple au fur et à mesure que l’on avance, reste un effort. Or si on se décourage, si on baisse les bras et que l’on abandonne à ce moment là, il y a un risque immense de perdre tous les bénéfices des efforts qu’on a réalisé jusqu’à présent. Car cette nouvelle langue, on ne l’a pas encore suffisamment ancrée en nous : le vocabulaire que l’on a appris n’est pas nécessairement passé en mémoire long terme et on n’a pas nécessairement eu le temps de créer tous les automatismes cérébraux et les autoroutes neuronales nécessaires pour qu’elle fasse véritablement partie de nous. Si on s’arrête là, on n’a strictement aucune garantie de retrouver ce que l’on a durement appris si on s’arrête quelques mois, ou pire, quelques années.

C’est dans cette phase initiale qu’avoir appris à piloter son apprentissage, à être autonome dans sa progression et à savoir personnaliser son parcours et les ressources que l’on utilise est sans doute le plus important, car c’est ce qui va permettre de mettre les niveaux de je(u), de plaisir et de motivation nécessaires pour aller plus loin. C’est un des points fondamentaux que l’on va voir ensemble dans les formations.

Les 4 niveaux de maîtrise d'une langue : niveau 1
Le niveau de base, le point de tous les dangers ! Si on abandonne à ce moment là, il y a un risque immense de perdre tous les bénéfices des efforts qu’on a réalisé jusqu’à présent car on n’a pas encore sufisamment ancré la nouvelle langue en nous!

Niveau 2 : la « fluency », point magique !

Donc on a appris à piloter son apprentissage, on a appris à mettre du je(u) , à mettre du plaisir, à mettre de la motivation, on poursuit sa route et, juste après ce moment où on pensait baisser les bras et tout abandonner, le chemin devient étrangement plus facile. On s’aperçoit qu’on retourne de plus en plus de cartes, qu’on comprend de mieux en mieux ce qu’il se passe, qu’on a accès à des ressources linguistiques de plus en plus motivantes. On commence à s’amuser et on escalade les niveaux beaucoup plus facilement et avec beaucoup plus de plaisir que ce que l’on n’aurait jamais pu imaginer. Un cercle vertueux s’enclenche jusqu’au point magique que l’on appelle «fluency».

Il n’y a pas, pour moi, de traduction satisfaisante en français du mot «fluency» ou «fluent». On parle en français de « parler couramment » une langue. Sur les CV, on nous demandait autrefois d’écrire «niveau d’anglais courant» ou «allemand courant» mais, personnellement, ça ne m’a jamais vraiment parlé. Derrière le mot «fluency» en anglais, il y a la notion d’aisance, de facilité, de fluidité. D’ailleurs, on n’est pas nécessairement «fluent» que dans une langue en anglais, on peut être «fluent» dans n’importe quel type de compétence, une compétence artistique, une compétence intellectuelle… dès lors qu’on la maîtrise avec aisance et fluidité.

Le point de «fluency», c’est un point magique et, à mes yeux, l’objectif #1 qu’il faut absolument se donner dans son chemin vers la maîtrise d’une langue.

Pourquoi? Parce que c’est à la fois un point de consolidation et un point de bascule.

Au-delà de ce point, toute une partie du vocabulaire qu’on a appris est passé en mémoire long terme et on a développé tout un ensemble de mécanismes et d’autoroutes neuronales qui ont profondément ancré la langue en nous. C’est en ça que le point de «fluency» est un point de consolidation. Certains vont jusqu’à dire que la nouvelle langue qu’on a acquise fait désormais partie de notre « inconscient » ou de notre «subconscient». Ce qui est clair en tout cas, c’est qu’à ce stade, l’effort cognitif nécessaire pour comprendre et s’exprimer dans la langue cible est considérablement minimisé. On pense, et parfois même on rêve, dans notre nouvelle langue. Et si on ne l’utilise plus pendant quelques semaines, ou même quelques mois, certains disent quelques années, elle ne partira pas complètement et sera réactivable beaucoup plus facilement.

Quand on atteint le point de «fluency», on a aussi retourné beaucoup plus de cartes sur la table, disons plus de 50%. Cela signifie qu’on comprend sans effort une grande partie des contenus qui nous sont présentés, à l’écrit comme à l’oral, voire même la quasi totalité des contenus qui nous sont présentés, qu’on n’a aucune peine à participer à une conversation et exprimer notre opinion. On peut avoir des interactions riches de sens avec les personnes qui nous entourent et avoir accès à de plus en plus de contenus motivants. Progresser n’est absolument plus un fardeau mais un réel plaisir. Un véritable effet boule de neige se met en place et c’est en cela que le point de «fluency» est aussi un point de bascule : les cartes que l’on connaît déjà nous permettent de deviner le sens des cartes qui les entourent, sans avoir besoin de nous référer à un dictionnaire en permanence; et les nouveaux contenus passionnants qu’on débloque chaque jour nous apportent sans cesse de nouvelles cartes dans notre jeu.

Les 4 niveaux de maîtrise d'une langue : niveau 2

Le point de «fluency», un point magique et l’objectif #1 qu’il faut absolument se donner dans son chemin vers la maîtrise d’une langue!!

Niveau 3 : l’Excellence !

Sans même nous en rendre compte, on en arrive parfois tout naturellement à apprendre le vocabulaire spécialisés des domaines qui nous intéressent le plus, quels qu’ils soient, mais aussi des pans entiers de culture et de littérature dans la langue que l’on apprend. Après le point de bascule que représente la « fluency », ce n’est plus qu’une question de temps et d’exposition à la langue avant d’atteindre le niveau de maîtrise supérieur, le niveau 3, celui de l’excellence (allez, disons, 75 % des cartes ;-)). Ce niveau, c’est l’excellence au sens le plus académique du terme : l’aisance et la fluidité dans la communication associées à une connaissance plus intime de la culture et de la littérature du pays, mais aussi à la maîtrise d’un niveau de langage plus nuancé, plus châtié, et du vocabulaire spécialisé d’un ou plusieurs domaines.

Malheureusement, là où il existe des techniques et des stratégies pour accélérer l’arrivée au point de « fluency » – c’est tout l’objectif des formations Language Boosteril n’y a plus vraiment de raccourci vers l’excellence. En fait, c’est l’exposition à la langue, à la littérature spécialisée, à la culture, ainsi que la participation à des discussions, débats et négociations vous faisant sortir sans cesse de votre zone de confort que vous l’atteindrez. On peut expérimenter dans cette zone de façon assez forte la loi des rendements décroissants : à partir d’un certain niveau, aller chercher les derniers pourcents d’amélioration vers l’excellence demande beaucoup plus d’efforts que ce que l’on a fait jusque là.

Beaucoup de personnes d’ailleurs ne vont pas jusqu’à l’excellence et entretiennent leur compétence dans la langue au niveau « fluency » sans nécessairement chercher à passer à ce niveau supérieur de maîtrise. L’aisance qu’ils ont acquise suffit à leurs besoins au quotidien, personnels et professionnels, et ils n’ont pas nécessairement l’intérêt ou la passion nécessaire pour aller plus loin. Et c’est OK ! Ce n’est pas un problème en soi car ils ont déjà franchi le cap le plus important, le cap de la fluency et, en gardant une exposition régulière à la langue (parce que j’espère que vous n’imaginez pas qu’on peut apprendre quelque chose pour toujours sans l’entretenir ! 😉 ), ils entretiendront leur niveau de maîtrise sans trop d’effort, dans la durée.

Le point de « fluency » c’est aussi le point que de nombreux polyglottes choisissent pour commencer l’étude d’une nouvelle langue. Parce qu’à temps constant, à temps d’étude constant, il est en effet plus « efficace » ou « rentable » pour eux de travailler à atteindre la «fluency» dans une autre langue qu’ils souhaitent maîtriser que d’aller chercher péniblement les derniers pourcents qu’il faut aller gratter pour atteindre l’excellence.

Les 4 niveaux de maîtrise d'une langue : niveau 3
Le niveau d’excellence, au sens académique du terme !

Niveau 4 : le niveau du locuteur natif!

En fait, pour être complètement exacte, beaucoup de polyglottes ne switchent pas d’une langue à l’autre quand ils ont atteint le niveau 2, celui de la «fluency» mais le niveau 4, celui qui les rapprochent le plus du niveau du locuteur natif! Ils sautent allègrement au dessus du niveau 3, mais oui !!

Alors là, j’entends votre cerveau bugger d’ici 🙂

« Comment ça, les polyglottes switchent d’une langue à l’autre au niveau 4 ?! Mais ce n’est pas possible ! On a dit qu’ils n’allaient pas nécessairement chercher le niveau 3. Or le niveau 4 est au dessus du niveau 3, celui de l’excellence, donc pas de passage par le niveau 3, pas de niveau 4. »

Ben si… En fait le niveau 3, la plupart des polyglottes sautent allègrement au dessus!

En fait, dans cette histoire, on se fait tous un peu avoir par les représentations habituelles, classiques, traditionnelles des niveaux de maîtrise d’une langue. Ces représentations traditionnelles définissent systématiquement l’excellence de façon académique. L’excellence en langue, au sens académique du terme, comprend la maîtrise d’un niveau de langage plus avancé, plus nuancé, plus soutenu, plus châtié que le langage quotidien, la maîtrise d’un registre de vocabulaire beaucoup plus étendu qui comprend les termes spécialisés d’un ou de plusieurs secteurs, ou encore la connaissance intime de la culture, de la littérature et des arts du pays en question. Et donc le locuteur natif, placé au sommet de la pyramide de la maîtrise, se retrouve propulsé à un niveau d’excellence ultime d’une exigence absolue, au sens académique du terme.

Et c’est bien dans cette représentation que se situe le problème. Car qui, même dans sa langue maternelle, connait le vocabulaire spécifique, pointu, de tous les domaines qui existent : les termes de la médecine, de l’aéronautique, du business, de la vente, de la négotiation, mais aussi celui de la musique, de l’art ou de la gastronomie… On connait en général le vocabulaire des domaines qui nous intéressent, des milieux qu’on fréquente le plus et celui de notre univers professionnel, pas tous les autres. De même, faut-il nécessairement avoir lu Shakespeare, Goethe, Proust ou Homère dans le texte pour bénéficier de tous les avantages des locuteurs natifs anglais, allemands, français ou grecs ? Non, bien sûr que non. D’ailleurs, dans tous les pays du monde, toute une partie de la population a très peu lu, voire pas lu du tout, les classiques. Et pourtant ces personnes là sont parfaitement intégrées dans la société, au niveau personnel et professionnel.

C’est ce point là qui intéresse et fascine les polyglottes, ce point là qu’ils essayent d’atteindre : pouvoir se fondre dans la population d’un autre pays comme si ils en étaient natifs et bénéficier de tous les avantages d’intégration associés. L’excellence au sens académique du terme n’est pas nécessaire pour bénéficier de tous les avantages du locuteur natif. Là aussi, il y a un raccourci pour ça, un espèce de passage secret, des points très spécifiques à travailler pour passer du niveau « fluency » au niveau du locuteur natif, directement ! Nous verrons ça ensemble dans les formations Language Booster.

Pour terminer, quand vous prenez la route, quand vous partez en quête, il est très important d’être au clair sur l’objectif final que vous vous fixez pour vous-même. Est-ce que ce sera le point d’excellence et d’érudition au sens académique du terme, avec la connaissance profonde, pointue du théâtre, de la littérature, d’un niveau de langage châtié du pays dont vous apprenez la langue ? Ou est-ce que ce qui vous intéresse est avant tout de bénéficier des avantages du locuteur natif, en arrivant à parfaitement vous fondre dans la société ? Ou est-ce que vous voulez combiner les deux ? Il est important de savoir quel objectif final on se donne car la route, le temps nécessaire et les outils diffèrent pour y parvenir. Et si vous n’êtes pas encore à l’aise et fluide dans la langue que vous souhaitez maîtriser, l’objectif #1 que vous devez absolument vous fixer en priorité est d’atteindre ce point magique de la «fluency». Cette première partie du chemin, c’est la partie la plus difficile, notamment parce que c’est la partie du chemin où il y a le plus de risque de se décourager, mais aussi celle où existent le plus d’outils et de « raccourcis » pour accélérer sa progression.

C’est tout l’objectif des formations Language Booster ! 🙂

 

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