J’adore le film Matrix.

C’est un de mes films cultes, si ce n’est MON film culte.

Pas seulement parce qu’il fait vibrer ma corde sensible de geek…

Pas seulement non plus, comme le disent les mauvaises langues, parce qu’il avait pour héro un des plus beaux gosses d’Hollywood de l’époque… (NDLR: qui a plutôt bien vieilli avancé en âge by the way!)

Mais parce qu’au-delà de l’emballage cyberpunk qui déroute ou rebute certains je le sais, je trouve que c’est une métaphore extraordinaire du monde dans lequel on vit aujourd’hui…

Revoyez-le film, débarrassez-le de son emballage techno-geek et réfléchissez profondément à la vie que vous menez dans la société et le monde de l’entreprise d’aujourd’hui…

Non, toujours pas? Tant pis.

Il n’en reste pas moins que ce film est pour moi une référence et une source d’inspiration sans fin.

Et parmi toutes les scènes cultes de ce film culte, il y en a une qu’on ne PEUT PAS oublier.

D’ailleurs, si vous êtes fan comme moi, vous avez immédiatement reconnu le passage dont j’ai tiré l’image de cet article !

Si vous n’avez jamais vu le film ou que vous avez oublié (comment est-ce possible?), je vous rejoue la scène :

Neo a pris la pilule rouge (et non la bleue) qui lui permet de quitter la matrice. La matrice, c’est ce monde virtuel dans lequel les êtres humains sont gardés sous contrôle, endormis, inconscients de leur sort, asservis par un système auquel ils sont connectés physiquement, qui les vampirise et se nourrit de leur énergie… (non, vraiment, vous ne voyez toujours pas?)

En prenant cette pilule, il redevient ainsi un homme libre, avec tous les dangers, les difficultés et les responsabilités qui vont avec… mais aussi avec de nouvelles possibilités et de nouveaux pouvoirs…

Comme celui d’influencer la matrice et d’en ré-écrire le code…

Mais aussi d’y développer des capacités exceptionnelles…

Dans la scène, on vient de télécharger dans le cerveau de Neo des quantités monstrueuses de contenu, un contenu qui lui donne des capacités hors du commun dans différents arts martiaux, dont le kung fu :

Neo : “I know Kung Fu!”

Morpheus : “Show me.”

Cette scène en a fait rêver plus d’un ! Imaginez un peu. Un petit téléchargement de données dans le cerveau, comme vous le feriez avec votre smartphone, et hop ! Vous connaissez l’anglais, le chinois, le japonais, le russe ou toute autre langue que vous avez toujours rêvé d’apprendre !

Un des problèmes majeurs que j’ai mis une éternité à identifier dans le domaine de l’apprentissage des langues, car nous avons été littéralement façonnés par cette approche d’apprentissage à l’école, c’est que la plupart des cours, des stages et des programmes de langues qui suivent l’approche “classique” mettent uniquement l’accent sur le contenu linguistique.

On nous bombarde de contenu.

Les cours de langue, les logiciels, les applications smartphone, tous ces moyens d’apprendre une langue qui nous sont proposés aujourd’hui nous balancent des tonnes de contenu…

Ils sont comme toutes ces cassettes bourrées à craquer de données qu’il faut télécharger dans le cerveau de Neo…

Sauf que dans la vraie vie, on nous donne les cassettes, les données, mais on ne nous donne pas la procédure de téléchargement pour mettre tout ça dans notre cerveau…

On ne nous dit pas comment apprendre, mémoriser, intégrer et restituer toute la matière dont on nous bombarde…

On ne nous dit pas comment faire pour créer les connexions neuronales qu’il faut, dans ce cerveau unique qui est le notre…

Et qui ne ressemble au cerveau de personne d’autre…

Si on regarde un cours de langue classique, ça ressemble un peu à ça :

L’objectif est de nous faire ingurgiter des tonnes de vocabulaire et des milliers de règles de grammaire…

On espère y arriver en nous exposant à un maximum de dialogues et de textes illustrant des situations différentes, toujours un peu les mêmes quelles que soient les langues, et souvent ennuyeux à mourrir…

On nous soumet à des dizaines et des dizaines de batteries de tests écrits et d’exercices d’écriture…

Et puis bien sûr, on essaye aussi de nous faire parler un peu, mais souvent à la marge, car le temps consacré à chacun est limité du fait de la taille du groupe…

Le temps de la classe est un temps où sommes littéralement bombardés de contenu linguistique : listes sans fin de vocabulaire, règles de grammaire, textes, audios, exercices…

Mais personne ne nous apprend à apprendre !

Personne ne nous apprend à importer tout ça dans notre cerveau…

Comment faire pour stocker toutes ces nouvelles informations de façon optimale…

Dans la durée…

Et pour qu’elles soient facilement accessibles et opérationnelles quand on en a besoin…

Et c’est vrai que pendant très longtemps, la seule occasion d’être confronté à une langue étrangère, si on n’y était pas naturellement exposé dans sa vie de tous les jours, c’était le cours de langue. La seule façon d’accéder à du contenu en langue étrangère, d’apprendre la grammaire, la conjugaison et le vocabulaire, c’était de le piocher dans les livres scolaires. Etre exposé à du contenu linguistique pendant le temps de la classe, c’était déjà énorme!

Mais aujourd’hui, au 21ème siècle, la situation a complètement changé. L’accès au contenu en langue étrangère n’est plus un problème. Avec l’avènement d’internet et du numérique, le contenu en langue étrangère est partout, facilement accessible, et dans des formats beaucoup plus sexys et fun et intéressants que la meilleure méthode de langue du monde : vidéos YouTube, musique, films, livres audio et articles du monde entier…

Il n’a jamais été aussi facile de s’immerger dans une autre langue et la culture d’un autre pays dans son salon, dans les transports, au bord de la piscine, partout…

Tout est là. Tout est à disposition.

Le contenu est intéressant et fun, surtout si on le choisit soi-même, en fonction de ses goûts et de ses besoins !

On trouve aussi très facilement les dictionnaires, les règles de grammaire…

On dispose aujourd’hui de bien plus de contenu et de contenu bien plus intéressant que tous les cours de langue, tous les livres de cours et toutes les méthodes réunies. Et tout cela gratuitement sur internet ou pour un coût très modéré…

Alors, avec tout ce contenu disponible, est-on tous devenu bilingue pour autant? On sait bien que non. Bien sûr que non! Parce que le problème au fond, ce n’est pas le contenu. Si le problème était l’accès au contenu nous serions tous devenus bilingues et même polyglottes à l’heure d’internet. A minima tout le monde serait aujourd’hui devenu parfaitement bilingue en anglais. Plus de la moitié des 10 millions de sites les plus visités au monde sont en anglais. C’est 12 fois plus que le volume de contenu en français ! Et malgré tout, je pense que l’on peut affirmer avec certitude qu’on est assez loin du point où nous serions tous devenus bilingues en anglais.

Il y a une étude passionnante qui sort chaque année au mois d’Octobre. Il s’agit de l’EF EPI : Education First English Proficiency Index. EF Education First est une société d’éducation internationale spécialisée dans la formation linguistique. L’indice de compétence en anglais EF (EF EPI) est le classement le plus complet au monde des compétences en anglais des adultes par pays. Chaque année des centaines de milliers de personnes passent le test en ligne gratuit présent sur leur site et les résultats de ce test permettent d’alimenter le classement.

Le 30 Octobre dernier est paru la 8ème édition du classement EF EPI. Dans ce classement, basé sur les tests d’1,3 millions de personne, on voit que le niveau de compétence en anglais des français n’a malheureusement pas énormément évolué. Il oscille depuis 2011, date du premier classement, à un niveau de compétence moyenne à faible en fonction des années. En 2018, la France se situe à la 35ème place au niveau mondial, sur un total de 88 pays, ce qui est très faible pour un pays développé et industrialisé comme le notre. Elle est dernière en Europe et son niveau de compétence reste désespérément au niveau moyen…

Classement mondial EF EPI 2018 des compétences en anglais
Classement mondial EF EPI 2018 des compétences en anglais

Quand on regarde la courbe de compétence en anglais en fonction de l’âge, on voit bien l’effet qu’a eu internet sur la maîtrise de l’anglais en France. On peut voir que les jeunes générations sont un peu plus à l’aise que leurs aînés. C’est ce que l’on ressent tous intuitivement et c’est tout à fait logique puisque les plus jeunes sont plus naturellement exposé à du contenu en langues étrangères. Ils partent aussi plus souvent à l’étranger. Mais l’écart de compétence entre les générations reste malgré tout très mesuré. En fait, il y a une superbe stabilité du niveau d’anglais à travers les classes d’âge en France autour du niveau moyen.

Niveau de compétence en anglais en France en fonction de l'âge
Niveau de compétence en anglais en France en fonction de l’âge

Et ça, ça montre deux choses :

La première, c’est que l’accès au contenu linguistique seul n’est pas suffisant en soi, il faut autre chose, d’autres ingrédients pour pouvoir l’intégrer de façon efficace et en faire à terme une vraie compétence.

La deuxième, c’est que les méthodes scolaires d’apprentissage des langues étrangères en France n’ont pas fondamentalement évolué depuis plusieurs décennies et qu’elles manquent d’efficacité, pas parce qu’elles sont mauvaises en soi, il n’y a absolument aucun mal à être exposé à du contenu linguistique, au contraire, mais parce qu’elles sont profondément incomplètes.

Si nous voulons transformer notre maîtrise des langues étrangères, nous allons devoir obligatoirement – j’ai bien dit obligatoirementchanger d’approche, changer de paradigme, changer de stratégie et réaliser qu’apprendre une langue étrangère, ce n’est pas juste une question de s’exposer à du contenu, mais aussi apprendre quoi faire de ce contenu, comment l’intégrer, le mémoriser, le télécharger dans ce cerveau unique qui est le notre et comment en faire une vraie compétence, opérationnelle dans la vraie vie. Il faut “apprendre à apprendre une langue étrangère” de façon plus efficace, plus fun, plus durable. C’est tout l’objectif de Language Booster.

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