Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire… celle du chasseur et du randonneur.

Que vous souhaitiez ressembler davantage à l’un ou à l’autre de ces deux personnages à la fin de l’histoire dépend entièrement de vous, de vos convictions et de vos goûts, mais au moins vous serez à même de faire ce choix pour vous-même, en toute conscience, avec une pleine connaissance des conséquences du chemin que vous choisissez, et avec la certitude qu’à chaque instant, vous pourrez toujours ajuster le cours de votre route pour trouver ce chemin unique qui sera le bon pour vous !

Dans le monde de l’apprentissage des langues comme dans tous les domaines, il y a des clans, des tribus, des écoles de pensée, des personnes animées par des convictions parfois très différentes sur ce qui constitue l’apprentissage optimal d’une langue étrangère.

Dans cette mosaïque fascinante, chaque tribu et chaque influenceur se fait bien sûr l’avocat de sa méthode.

Ces méthodes peuvent varier de façon assez considérable, même quand elles sont appuyées sur exactement les mêmes faits solides et scientifiquement prouvés, voire même, sur la même expérience, et notamment cet échec monstrueux de l’école pour nous faire apprendre une langue étrangère.

Il n’y a aucune malignité derrière ça. Ces variations sont tout à fait normales et intrinsèquement liées à la personnalité de l’individu qui les partage, son style d’apprentissage et ses goûts personnels.

Quand une méthode a fonctionné pour vous et qu’elle vous a permis d’atteindre des résultats exceptionnels, vous avez envie de la partager non ?

Sauf que ce qui fonctionne pour vous ne fonctionnera pas forcément aussi bien pour quelqu’un d’autre et c’est là qu’il est utile d’avoir une vision un peu large des différentes approches possibles pour apprendre une langue afin de construire sa propre voie.

C’est l’objectif de cet article, et de ce conte !

J’écarte bien sûr immédiatement d’un revers de main tous les charlatans aux promesses marketing irréalistes qui vous promettront la lune sans rien faire pour me concentrer sur les « vrais », ces grandes figures de l’apprentissage des langues qui ont obtenu d’excellents résultats pour elles-mêmes et inspirent et aident chaque année des milliers de personnes (ou peut-être même des millions) à faire de même.

Ces « vrais » se répartissent sur un continuum entre deux personnages extrêmes : le chasseur et le randonneur.

On y est ! ✨

Il était une fois…

Le chasseur et le randonneur

Il était une fois, dans un royaume lointain, un roi éclairé et sage qui souhaitait répertorier l’ensemble des animaux de son royaume.

Pour se faire, il convoque à la cour deux de ses meilleurs sujets : Eric, son meilleur chasseur, et Jacques, un excellent randonneur.

Il leur demande à tous deux de parcourir ses terres pour lui ramener les croquis de tous les animaux qu’ils rencontrent.

Dans trois mois, celui des deux qui aura répertorié le plus d’animaux différents recevra une somptueuse récompense…

Jacques, le randonneur

Jacques prend la route au petit matin.

Dans son sac, il a pris de quoi se nourrir confortablement pendant quelques jours, le temps de pouvoir se ravitailler dans les terres voisines, et quelques affaires chaudes au cas où il doive dormir dehors la nuit, mais il n’en a pas vraiment l’intention…

Il part avec entrain, son carnet de croquis à la main, sans objectif ferme et sans direction précise.

Après tout, il va falloir couvrir une grande partie des terres du royaume, alors autant y aller à l’envie, non?

C’est le printemps, l’air est doux, les paysages sont magnifiques et Jacques profite de chaque instant de cette immense randonnée.

Régulièrement, il s’accorde un petit moment de repos et chaque fois qu’il repère un animal, il s’arrête et prend le temps de le dessiner.

Parfois, l’animal que Jacques dessine dort, ou reste immobile suffisamment longtemps pour qu’il puisse en capturer l’image. Ses croquis sont alors superbes et parfaitement détaillés. Jacques considère alors avec satisfaction qu’il a capturé l’essence de ce type d’animal et cherche autour de lui quel autre animal il pourrait maintenant dessiner.

Mais parfois, les animaux que Jacques repère ne restent immobiles qu’un bref instant avant de s’enfuir ou de s’envoler, lui laissant trop peu de temps pour en saisir tous les traits. Il essaye alors d’affiner son dessin quand il a la chance de rencontrer l’animal de nouveau, ce qui arrive parfois, mais pas toujours…

Du coup, le carnet de Jacques se remplit d’une grande quantité d’ébauches d’animaux à peine dégrossies.

 

Le carnet de croquis de Jacques
Un aperçu du carnet de croquis de Jacques, le randonneur

Lorsque la nuit tombe, il cherche le confort accueillant d’une auberge et s’endort content après une magnifique journée de marche et un bon dîner.

Quand il revient au château au bout de 3 mois, Jacques est heureux, radieux et en pleine forme.

Il est presque triste que la mission du roi se termine car il a passé des moments extraordinaires à parcourir les terres du royaume et s’est rempli les pupilles de somptueux paysages.

Sa motivation et son énergie sont au top, et il pourrait repartir à l’instant même vers de nouvelles contrées ! ⚡⚡⚡

D’ailleurs, c’est ce qu’il faudrait qu’il fasse pour accomplir sa mission, car sa collection de croquis est maigre, et la qualité de ses dessins extrêmement hétérogène : une poignée d’entre eux sont extrêmement détaillés, ceux des animaux les plus courants, qu’il a rencontré le plus souvent ; mais la plupart des autres sont extrêmement grossiers, car il n’a eu la chance de croiser chaque animal qu’une ou deux fois pendant son périple.

De plus, il n’a pu capturer les traits d’aucun animal nocturne, même les plus courants, car aux heures où ces animaux sortent, il dormait profondément du sommeil du juste…

Le roi, déçu, regarde avec tristesse le résultat de ces 3 mois de labeur, et se demande en se grattant la tête si l’objectif donné à ses sujets n’était pas un peu trop ambitieux…

Répertorier tous les animaux du royaume, n’etait-ce pas un peu trop?

La tâche est considérable, car des animaux, il y en a des milliers, partout sur les terres et dans les rivières, et tous différents…

Est-ce juste une question de temps? ⏲

Le roi se pose sincèrement la question, mais si c’est vraiment le cas, alors au rythme du travail de Jacques, cela signifie qu’il ne verra probablement pas la fin de ce projet qui lui tient à coeur avant de rejoindre ses ancêtres au cimetière…

A moins que ce soit un problème de méthode? ⚙

Le coeur battant, le roi attend alors plein d’espoir qu’Eric, son fidèle chasseur, franchisse à son tour la grande porte du château.

 

Eric, le chasseur

Le périple d'Eric, le chasseur

Eric lui aussi est parti à l’aube, mais en plus des victuailles et des carnets de croquis, il a pris avec lui dans son sac la carte détaillée du Royaume et tout un ensemble de trappes, de filets et de pièges qui lui permettront de capturer certains animaux le temps de les dessiner.

La veille au soir, il a identifié systématiquement sur la carte les diverses régions du royaume, les plaines, les lacs et les montagnes, quadrillé les différentes zones et établit l’ordre dans lequel il allait les visiter.

Il a également attaché à son sac à dos un sac de couchage bien chaud afin de pouvoir passer les nuits dehors et pouvoir ainsi débusquer des animaux nocturnes.

Pendant trois mois, Eric change chaque jour de lieu, en conformité avec son programme.

A peine arrivé, il repère les lieux, pose des trappes dans les bois, des filets dans les lacs, et dessine sans relâche les animaux qui s’y retrouvent piégés, avant de les relâcher.

La nuit, il passe de nombreuses heures à continuer ses repérages, identifie les animaux nocturnes qui y vivent et réfléchit à la meilleure façon de les capturer.

Le carnet de croquis d'Eric
Un aperçu du carnet de croquis d’Eric, le chasseur

Il prend à peine le temps de manger et ne dort que quelques heures.

Après trois mois de ce rythme infernal, il est amaigri, épuisé et franchement amer.

Ces 3 derniers mois ont été un véritable enfer et son état de faiblesse grandissant a bien failli finir par lui coûter la vie.

Ses jambes flageollent un peu et il se sent prêt à s’effrondrer à tout moment.

Au fond, il est bien content que tout cela se termine et pour rien au monde il ne repartirait mener une telle entreprise. Le roi pourra bien dire ce qu’il veut, ce sera sans lui!

Quand il franchit à son tour la porte du château au bout de 3 mois, le roi s’émerveille devant deux carnets de croquis pleins à craquer de dessins magnifiques et détaillés.

Ravi des résultats de son fidèle vassal, le roi demande alors à Eric de poursuivre sa mission. Il sera bien évidemment grassement récompensé.

Mais à sa grande stupeur, le roi voit son meilleur chasseur partir à toutes jambes en abandonnant à ses pieds les résultats de son dur labeur!

 

Le chasseur, le randonneur et l’apprentissage des langues

 

Jacques le randonneur et Eric le chasseur représentent deux extrêmes du monde de l’apprentissage des langues.

 

Apprentissage des langues : l’approche du randonneur ou l’approche “naturelle”

Apprentissage des langues : l'approche naturelle

Jacques aborde l’apprentissage d’une langue en s’immergeant au quotidien dans du contenu natif intéressant, qui le passionne et le motive.

Il fonctionne au plaisir et à l’envie, sans plan ou stratégie particulière.

Il ne s’impose aucun rythme.

Il ne se met pas de pression.

Il ne s’épuise pas.

Il ne se préoccupe pas vraiment de grammaire, en tout cas pas dès le début de l’apprentissage, et ne capitalise pas particulièrement non plus le vocabulaire qu’il rencontre.

Après tout, le vocabulaire le plus courant d’une langue revient sans cesse. Si un mot est important, et bien, il finira bien par le retenir en y étant exposé de manière régulière.

Et puis, il sait qu’il faut du temps pour que son cerveau absorbe les structures d’une nouvelle langue, pour qu’il s’y habitue…

Il sait que dans cette magie qui s’opère grâce à l’immersion, il y a une grande part de processus inconscient…

Il sait que son cerveau, baigné dans cette mer de contenu en langue étrangère, va peu à peu réussir à s’en imprégner avant de la faire sienne.

Cette approche, on pourrait la qualifier d’approche “naturelle”.

L’idée est d’intégrer petit à petit le vocabulaire, les structures de la langue et la conjugaison de façon naturelle, comme nous l’avons fait avec notre langue maternelle, en étant baigné dedans.

Après tout, on ne nous a pas donné un dictionnaire et un bescherelle au berceau et pourtant nous avons été capables d’intégrer des monceaux de vocabulaire et des pans entiers de conjugaison bien avant notre tout premier cours de français!

L’avantage de cette approche, c’est qu’elle est résolument fun et motivante, parce que l’unique objectif que vous avez besoin de vous donner dans une journée, c’est de vous immerger dans des contenus passionnants en langue étrangère, des contenus qui vous intéressent, et de discuter avec des natifs.

Plutôt sympa non?

Les inconvénients de cette approche, c’est que le processus d’acquisition de la langue peut être infiniment long et qu’il est profondément incomplet.

Avec cette approche, vous comptez sur le fait que les mots se répètent naturellement au fur et à mesure de votre exposition à la langue pour pouvoir les mémoriser et les intégrer.

Votre vitesse d’apprentissage est donc directement proportionnelle à l’intensité de l’immersion que vous arrivez à créer et donc, entre autres, au temps que vous pouvez consacrer tous les jours à votre apprentissage.

Si vous pouvez partir en immersion complète dans un pays, ou si vous avez le loisir de consacrer une partie importante de vos journées à l’apprentissage d’une langue, alors peut-être, oui peut-être que vous arriverez un jour à bon port.

Ce qui est sûr, c’est que vous prendrez un immense plaisir au voyage et ne risquerez pas le burnout d’apprentissage qui pend au nez des chasseurs.

Mais dans un contexte plus réaliste où l’apprentissage de la langue n’est pas votre activité principale, mais quelque chose que vous faites en plus d’une journée chargée, se contenter de cette approche seule me semble illusoire.

J’ai essayé personnellement de jouer le jeu de l’approche naturelle pure pendant un certain temps, et l’ai trouvé extrêmement frustrante pour plusieurs raisons :

  • L’absorption du vocabulaire par exposition “naturelle” à la langue est extrêmement lente. Il faut arriver à créer une dose d’immersion quotidienne véritablement MASSIVE pour que les mots et les structures que l’on doit intégrer deviennent familiers et reviennent avec suffisamment de fréquence pour les retenir. Avec à peine 30’, 1h voire 1h30 grand maximum à consacrer à l’apprentissage d’une langue dans une journée, l’intensité d’immersion que j’arrivais à créer restait insuffisante pour véritablement faire décoller mon vocabulaire. Et pourtant, l’immersion linguistique auto-guidée, ça me connait! Les moyens d’y parvenir sont infinis et chaque petit moment de la journée est exploitable. Mais non, malgré tout, ce n’était jamais assez!
  • La première conséquence de tout ça, c’est qu’on se retrouve à devoir consommer pendant des mois du contenu de niveau débutant, qui n’est pas le contenu le plus passionnant au monde. Le contenu pour débutants comprend tous ces livres et méthodes de langue aux contenus artificiels et le plus souvent ennuyeux à mourir, mais aussi éventuellement les livres et bandes dessinées pour enfants dans la langue que vous cherchez à apprendre. Je ne sais pas pour vous, mais mon niveau de tolérance à ce genre de contenus est extrêmement limité. Si je suis capable de l’endurer un certain temps pendant la période de lune de miel avec une nouvelle langue, juste le temps qu’il faut pour franchir la barrière de la frustration, atteindre le niveau intermédiaire et consommer de vrais contenus qui m’intéressent, je suis littéralement incapable de survivre à une telle dose d’ennui sur la durée. Le risque d’abandon qui menace le randonneur n’est pas le burnout, comme son ami le chasseur, mais le bore out (la mort par l’ennui) ou le brown out (la mort par le manque de sens, ou le très célèbre “Non mais sans rire, pourquoi est-ce que je m’inflige ça?”).
  • De plus, je fais partie de ces personnes (mais je pense que nous sommes un certain nombre) qui ont besoin de COMPRENDRE les choses pour mieux se les approprier. Quand vous vous engagez dans une approche naturelle pure à 100%, sans jamais regarder un livre de grammaire par exemple, alors vous allez rencontrer sans cesse des phénomènes que vous ne comprendrez pas. Au début, c’est ce qui fait le charme de la découverte, vous êtes attentif et remarquez toutes ces petites nuances dans la trame des mots. Vous êtes fier de vos trouvailles. Mais il viendra sans doute un moment (et il arrive assez vite pour moi!) où vous en aurez assez de noter sans cesse 10 000 nuances et 10 000 variations auxquelles vous ne parvenez pas vraiment à attacher un sens bien clair, bien défini, ou que vous ne savez pas vraiment reproduire, car vous n’en connaissez pas les règles.
  • Cela signifie aussi que la connaissance de la langue que vous développez sera potentiellement extrêmement incomplète. Si vous vous contentez des mots et des structures rencontrés dans les contenus que vous consommez, sans jamais aller chercher du vocabulaire supplémentaire ou les quelques règles de grammaire qui agissent dans l’arrière-scène, alors vos connaissances seront extrêmement parcellaires. Vous connaîtrez la conjugaison de certains verbes à certains temps et à certaines personnes, mais serez incapables de conjuguer ces mêmes verbes à d’autres personnes par exemple, ou serez incapable de conjuguer un nouveau verbe dans un temps que vous connaissez (même si vous pourrez toujours essayer de deviner sa forme avec l’intuition que vous aurez développé). De la même manière, il est possible que vous ne rencontriez jamais des pans entiers de vocabulaire, et ce d’autant plus si vous restez coincés dans des contenus de niveau débutant.

L’approche du randonneur a de nombreux avantages, notamment par son côté profondément motivant et fun, mais il faut savoir lui donner ce petit coup de booster supplémentaire en terme de méthode pour mettre un peu de structure dans l’apprentissage, franchir le plus rapidement possible le niveau débutant et aller chercher du contenu VRAIMENT motivant, sous peine de ne pas progresser assez vite, de se lasser et d’abandonner.

Apprentissage des langues : l’approche du chasseur ou le “language hacking”

Apprentissage des langues : l'approche du hacker

Eric, le chasseur, est l’archétype fantasmé et poussé à l’extrême du “language hacker”.

Le “language hacker” est un individu malin et intelligent qui a compris comment le cerveau fonctionne, et qui utilise l’ensemble de ses connaissances sur l’apprentissage optimisé pour intégrer une nouvelle langue de la façon la plus rapide et la plus efficace possible!

Son objectif est de pulvériser en un temps record la barrière de la frustration et d’atteindre le plus rapidement possible cette masse de connaissances critique qui lui permet d’évoluer facilement dans du contenu de niveau intermédiaire.

Pour se faire, il procède de façon extrêmement stratégique.

Il cartographie les territoires qu’il va devoir maîtriser, les quadrille, les hiérarchise et les adresse de façon systématique, les uns après les autres.

Il a compris l’intérêt qu’il y a à avoir en tête dès le début de l’aventure les grands principes de fonctionnement d’une langue, afin d’avoir une idée des territoires qu’il va devoir conquérir et planifier leur maîtrise dans le temps.

Il a compris les apports des neurosciences sur la façon dont la mémoire fonctionne et la puissance de la répétition espacée pour mémoriser facilement et le plus efficacement possible, une grande quantité d’informations.

Précautionneusement et avec méthode, il capture l’ensemble des mots et des structures de la langue qu’il rencontre dans des outils de répétition espacée comme Anki, pour être sûr de ne plus jamais les oublier.

 

Mémorisation optimisée du vocabulaire avec Anki
Si vous voulez gagner du temps dans la prise en main d’Anki, RDV dans la formation Master Anki !

En fait, il va même bien plus loin que ça !

Le “language hacker” pur et dur pousse l’exercice jusqu’à aller chercher la liste du vocabulaire le plus fréquent d’une langue et créé sur cette base des milliers de flashcards qu’il révise avec constance tous les jours, jusqu’à ce que tout ce vocabulaire fasse partie de sa bibliothèque intérieure.

Il va chercher des livres de grammaire et capitalise systématiquement les structures qu’il y trouve avec des phrases d’exemples, pour mieux les retenir.

Son approche est résolument stratégique et massive.

La masse de ses connaissances croit à une vitesse extrêmement soutenue.

Mais un chasseur pur et dur comme Eric se préoccupe assez peu des paysages dans lesquels il évolue…

Il est entièrement focalisé sur sa mission : capturer et répertorier des milliers de mots, comme autant de pokémons, et en saisir une image fidèle qui restera dans sa mémoire avant de passer au suivant…

A ce titre, le chasseur peut arriver à se déconnecter complètement de la nature dans laquelle il évolue et oublier le plaisir qu’il y a à observer de magnifiques paysages…

Ce monde du “language hacking” est le premier que j’ai rencontré quand j’ai commencé à m’intéresser de près à la meilleure façon d’apprendre une langue, et j’ai plongé tête la première dedans, comme Alice dans le trou du lapin, pour plusieurs raisons :

  • Déjà parce que je ne peux pas renier mon côté ingénieur et geek : derrière la démarche du “language hacking” il y a beaucoup de recherches sérieuses et d’informations concrètes apportées par les neurosciences sur la meilleure façon d’apprendre. Il y a également beaucoup d’outils modernes passionnants à utiliser. La mémorisation optimisée avec Anki par exemple est ce que je connais aujourd’hui de plus proche du téléchargement direct d’informations dans le cerveau, façon Matrix. C’est terriblement efficace, à un point qui en est presque effrayant. Je me souviens encore aujourd’hui de mots de vocabulaire ou d’expressions en grec alors que cela fait maintenant plus d’un an que je n’y ai pas du tout touché, parce que j’ai dû modifier mes priorités et mes objectifs. Tout ce qui se s’utilise pas se perd, mais tout ce que vous apprendrez avec Anki (si vous vous êtes vraiment entraîné bien sûr!) restera dans votre mémoire pendant très très longtemps…
  • Mais aussi parce que j’étais profondément déçue d’avoir passé autant d’années à apprendre plusieurs langues à l’école sans réussir à les utiliser dans la vraie vie, voire pour certaines d’entre elles, sans arriver à me souvenir de quoi que ce soit. Quand on passe des années et des années à étudier quelque chose pour aussi peu de résultats et que l’on croise le chemin de polyglottes qui obtiennent des résultats exceptionnels avec des techniques de language hacking, alors forcément on écoute, on se renseigne et on applique… et c’est ce que j’ai fait!

Dans mes pratiques d’apprentissage au quotidien et dans toutes les méthodes que je partage avec mes coachés, on trouve encore une part de pratiques héritées du language hacking, parce qu’elles sont efficaces et fun, et que je n’ai pas encore trouvé mieux aujourd’hui pour exploser certaines barrières.

Mais j’ai considérablement ré-équilibré ma pratique au cours du temps pour arriver à un point de fonctionnement intermédiaire entre l’approche du chasseur et celle du randonneur, un point d’équilibre qui est le bon pour moi.

Pourquoi?

Parce que le risque le plus important qui vous pend au nez si vous plongez ainsi tête baissée dans les techniques de “language hacking” pures et dures est celui du burnout d’apprentissage.

Dans sa version la plus extrême, le language hacking vous enferme dans un monde artificiel fait de listes fréquentielles de mots étrangers, de livres de grammaire, de tables de conjugaison et de milliers de flashcards à créer et dépiler tous les jours pour retenir tout ça.

C’est un monde créé de toutes pièces et un peu froid complètement coupé de la réalité du monde des hommes et de ce qui fait tout l’intérêt et le plaisir d’apprendre une langue étrangère : communiquer avec des natifs et consommer du contenu passionnant.

Si vous avez déjà une tendance naturelle à vous pousser vers toujours plus d’excellence, ce qui est mon cas, vous pouvez en arriver à pousser l’approche massive à son extrême, en noyant votre cerveau sous des milliers de mots et de formes verbales qu’il va peiner à intégrer.

Vous allez vous pousser très très dur…

La conséquence de tout ça, c’est que vous allez vous épuiser, littéralement.

Et dans le pire des scenarios, vous allez complètement vous écoeurer de l’étude de la langue que vous désiriez pourtant si ardemment apprendre et vous finirez par l’abandonner, définitivement, comme le chasseur Eric qui laisse aux pieds du roi le résultat de 3 mois d’un intense travail.

 

Apprentissage des langues : trouver sa propre voie

Le chasseur et le randonneur : trouver sa propre voie
Le point d’équilibre personnel que j’ai trouvé pour moi-même évolue au cours du temps. Au début, j’utilise énormément de techniques de language hacking pour arriver le plus rapidement possible au niveau intermédiaire. Arrivée là, je privilégie de plus en plus l’immersion au quotidien dans des contenus natifs qui me passionnent.

Il y a beaucoup de dimensions dans l’apprentissage d’une langue, et une grande diversité de méthodes et de pratiques pour y parvenir.

Si vous décodez un peu le travail des “grands” du monde de l’apprentissage des langues, vous verrez que leur approche se positionne à chaque fois un peu différemment sur ce continuum qui va d’Eric le Chasseur à Jacques le Randonneur.

Chaque fois que je découvre et analyse le travail de l’un d’entre eux, je m’amuse à essayer de le positionner sur ce continuum.

Amusez-vous vous aussi à comprendre leur approche particulière et comment ils se positionnent…

Et surtout, expérimentez et apprenez à découvrir le point d’équilibre qui est le bon pour vous!

C’est ce que j’ai fait pour moi-même en expérimentant une tonne de choses, et notamment ces deux approches extrêmes, et en retenant de chacune ce qui fonctionne le mieux pour moi.

Et c’est ce que j’aide les personnes que j’accompagne en coaching à faire en leur apportant tout un éventail d’outils, de méthodes et de ressources qu’elles ne connaissent pas.

Apprenez à trouver ce point de fonctionnement qui sera optimal pour vous, et pour personne d’autre!

A votre succès! ✨

 

Faisons équipe!

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